État des lieux de la question Trans en Grèce en 2021

 

par le comité directeur de la Société hellénique de la NLS

Rapport à l'adresse du président

 

Note liminaire

 

par Réginald Blanchet

président de la Société Hellénique de la NLS

 

 

Le rapport que l’on va lire dresse un état des lieux succinct de la situation actuelle de la question Trans en Grèce. C’est la première esquisse d’un travail d’investigation qui reste à mener. Cela devra se faire méthodiquement. Ce sont aussi les premiers jalons d’une politique à définir pour promouvoir la présence du discours de l’analyste dans les débats de société actuels. Les enjeux sont de taille puisqu’il s’agit de prendre position sur le malaise qui fait symptôme, et bruyamment, pour l’interpréter et dégager par là même l’éthique qui devra être au principe de notre action.

Quatre domaines ont retenu notre attention. Ils nous ont semblé à même de donner une idée générale de l’actualité Trans en Grèce à l’heure qu’il est. Le premier se rapporte aux droits civils et à la protection des personnes trans. Si la Grèce est, selon les termes d’une étude de l’OCDE datée de l’année 2020, l’un de dix-sept pays qui offrent le plus de protections légales aux minorités sexuelles et de genre, il reste néanmoins fort à faire concernant la réalité effective de l’application de la loi. Le problème majeur reste celui de l’égalité de traitement des minorités par l’État mais aussi par la société civile. La note de Théodore Valamoutopoulos (Droits civils et protocoles médicaux) le précise. Elle retrace aussi les protocoles médicaux en usage. Les soins relèvent très largement du secteur privé comme souvent en Grèce.

 

Les progrès notables enregistrés sur le plan de la reconnaissance légale et de l’égalité des droits des personnes trans dans la dernière décennie sont dus aux avancées de l’Union Européenne en ce sens. Ils sont dus également et pour une part décisive à l’action des mouvements LGBTQI+ grecs. Eléni Koukouli nous en fait prendre la mesure (Le mouvement trans et l’opinion publique). Les associations trans qui ont déjà un long passé qui remonte aux années 70, sont dynamiques et structurées. Elles mènent une politique sans concession pour faire valoir l’égalité des droits et de traitement, porter secours aux personnes et lutter contre les préjugés et les discriminations qui ont encore l’assentiment de la majorité des citoyens. L’école donne à voir l’ampleur du phénomène. Il s’accompagne de la montée en puissance parmi les adolescents et les jeunes en général de la mouvance des transidentités et des pratiques les plus diverses de la sexualité.

 

L’Université n’est pas en reste. Υannis Grammatopoulos le montre (La question trans à l’université). Les étudiants sont éminemment concernés et traversés eux aussi par les contradictions qui caractérisent le mouvement trans. Les enseignements, encore en nombre limité, notamment en psychologie sont soumis à la critique pointilleuse des associations trans de tout ce qui pourrait s’assimiler à une volonté de pathologisation à l’encontre de l’habitus trans. Des mises en cause publiques se sont ensuivies. Les travaux de recherche voient le jour et un Centre d’études sur le genre fonctionne à l’université Panteion d’Athènes. Ces dernières années un certain nombre de mémoires de Master ont été rédigés sur la question trans.

 

Enfin Despina Karagianni fait le point sur l’état des relations Psychanalyse et question trans. Elle met en exergue les linéaments de l’abord psychanalytique par la filiale de l’IPA en Grèce du phénomène trans. Les questions que se posent les psychanalystes de l’IPA montrent leur embarras. Il est légitime. Le désarroi théorique mais aussi clinique peut être grand. Il demeure que nos confrères se refusent à la politique de l’autruche. Le plus encourageant est la réponse de la SYD (Association de soutien Transgenre) aux approches contrastées à mettre au compte de la psychanalyse. Si la pathologisation est sévèrement dénoncée, il demeure que la position doctrinale de l’association trans la plus représentative n’est pas d’emblée antipsychanalytique. À cet égard l’orientation lacanienne bénéficie d’un préjugé favorable compte tenu des positions de Lacan contre l’idée de normativité sexuelle. Le féminisme joue là le rôle de passerelle entre le mouvement trans et la psychanalyse lacanienne. Les bases d’un transfert à l’état naissant sont d’ores et déjà là. Elles seront à cultiver. C’est la responsabilité du discours de l’analyste.

 

Cela entraîne des conséquences pour lui-même. Une réforme de l’entendement s’impose. Le dernier enseignement de Lacan nous en fournit les bases et les instruments théoriques et cliniques. On peut tenir en effet le trans pour une réponse sinthomatique au fait de structure de l’inexistence du rapport sexuel. Mais il conviendra d’aller plus avant dans le sens de ce qui fait signe entêté du côté trans à notre adresse, soit la thématique de la « différence sexuelle ». Ce n’est nul hasard si le discours trans insiste avec tant de virulence sur la non-binarité de la différence. C’est là sans doute sa façon de donner voix à la continuité de l’éventail des traitements individuels et collectifs du non-rapport sexuel. Il est de fait que le trans aujourd’hui abrite tous les bricolages possibles de tout un chacun pour répondre à ce fait de structure. Il est par conséquent transstructure : une formation discursive donc. Elle fait exister du sujet, voire un sujet spécifié, et elle est habitée de façon différenciée par des sujets multiples qui ont, chacun, leur propre singularité.

 

L’hypothèse de travail s’ensuit : la différence sexuelle tendrait dans les faits à se transmuer en différance sexuelle, soit en évolutions aléatoires, comme on dit de la danse, dans l’élément d’une sexualité portée à la fluidité. La pathologie ne serait là rien que la pathologie commune revêtue par chacun à sa mesure. Le singulier du sujet a le dernier mot. Telle est l’éthique du discours psychanalytique. Elle implique aujourd’hui l’élaboration d’une épistémologie de la reddition que prône Jacques-Alain Miller, soit l’élaboration du savoir qui mettra le discours de l’analyste en mesure de se faire au sinthome trans. Cela passe par la subversion doctrinale de l’essentialisme résiduel de ladite « différence sexuelle », qui la fait relever de la métaphysique.

 

Athènes, ce 29 avril 2021

 

 

Droits civils et protocoles médicaux

 

Théodore Valamoutopoulos

 

 

Le 11 mars 2021, la séance plénière du Parlement européen a adopté la résolution qui déclare l’Union européenne « zone libre pour les LGBTQI+ » à l’écrasante majorité de 492 votes pour et 141 contre. Ce résultat est considéré comme une réponse forte à des pays comme la Hongrie et la Pologne qui transgressent les libertés individuelles, des régions entières de ces pays se déclarant « zones libres de toute idéologie LGBT ».

 

En dépit de la résolution du Parlement européen et de la législation qui protège les LGBTQI+ en Grèce, la situation est loin d’être considérée comme idéale par l’Agence des Droits fondamentaux de l’UE (Fundamental Rights Agency). L’Agence constate que dans nombreux États membres, dont la Grèce, des discriminations s’exercent à l’encontre des LGBTQI+. Nombre de leurs droits, comme le droit à la visibilité, sont violés. L’invisibilité où ils sont relégués donne lieu à une augmentation du nombre des personnes trans agressées au cours des deux dernières années. On enregistre aussi une sous-utilisation des outils légaux existants ou leur utilisation imparfaite. En conséquence de quoi en novembre 2020, l’UE a décrété l’ouverture de la Première Stratégie pour l’Égalité des LGBTQI+ 2020-2025. Elle comporte quatre axes :

      la lutte contre les discriminations

      la sécurité

      la levée des exclusions et

      la promotion de la revendication de l’égalité pour les LGBTQI+ au niveau international.

 

Elle prend acte de la situation actuelle et appelle les États membres à rédiger des projets d’envergure et des actions efficaces.

 

La Grèce, après avoir été condamnée par le Tribunal européen pour ses manquements aux Droits de l’Homme, a voté, en 2015, une loi ad hoc. Elle comporte, entre autres, le pacte civil de solidarité pour les couples homosexuels. Le gouvernement en place vient de procéder à la création d’un Comité national pour l’égalité des LGBTQI+. Considéré comme un pas en avant ce comité a pour objectif la rédaction d’une proposition qui permettra au gouvernement de prendre des mesures concrètes dans le but de promouvoir le traitement égal pour tous indépendamment de leur orientation sexuelle, ainsi que l’expression, l’identité et les caractéristiques de genre.

 

Dès 2016, « l’identité de genre » et les « caractéristiques de genre » ont été ajoutées au nombre des critères des discriminations qui s’exercent sur le lieu de travail. Le Pacte civil de solidarité a été élargi aux couples homosexuels mais ni le mariage civil ni la reconnaissance de l’homoparentalité (c’est-à-dire le fait que deux personnes du même sexe puissent être parents d’un enfant) n’ont été acquis. Il s’agit là de revendications constantes des organisations pour les droits des LGBTQI+.

 

La loi no 4491/2017 pour la reconnaissance légale de l’identité de genre donne le droit aux personnes trans de changer leur dénomination sans conditions préalables, notamment sans le préalable de l’autorisation médicale. La procédure reste néanmoins d’ordre juridique. L’une des revendications importantes des LGBTQI+ est de soustraire la procédure à la compétence du juge à qui il reviendrait d’apprécier pour se prononcer la présence des caractéristiques sexuels secondaires et les caractéristiques « du sexe social ». La revendication du troisième sexe comme choix d’appartenance n’est pas reconnue. La notion « d’identité de genre » n’a été inscrite en effet dans des textes législatifs que très récemment.

 

Les dernières dispositions législatives sanctionnent les crimes de haine relatifs à l’orientation sexuelle et l’identité de genre de même que les discriminations fondées sur les caractéristiques de genre et leur expression dans tous les domaines de la vie sociale. Au nombre des revendications des organisations LGBTQI+ qui restent en instance, il faut compter l’adoption d’un enfant, éventuellement celui du partenaire, par le couple homosexuel, l’accès à l’insémination in vitro pour les couples de lesbiennes, le recours aux mères porteuses pour les couples d’homosexuels.

 

On notera que la loi ne prévoit rien pour les demandeurs d’asile qui sont, de manière avérée, l’objet de discriminations multiples.

 

 

Protocoles médicaux

 

En Grèce, les procédures médicales de redéfinition ou de transition de genre la préférence des LGBTQI+ irait à la dernière expression – se répartissent en thérapies hormonales, d’une part, et en interventions chirurgicales, d’autre part. Elles sont réalisées dans des centres de soins privés. Un suivi psychiatrique minimal est obligatoire : six mois durant au moins pour l’autorisation d’hormonothérapie et un an d’hormonothérapie pour l’approbation de l’intervention chirurgicale. Une période de « vie dans le genre désiré » est exigée. Cette pratique digne d’un lit de Procruste, couverte par les assurances, est en général arbitrairement prolongée. Elle est condamnée par l’ensemble de la communauté LGBTQI+. Les assurances ne couvrent pas la totalité des frais d’hormonothérapie et des opérations chirurgicales. Au mieux, la participation du patient est réduite de manière assez satisfaisante pour l’hormonothérapie. Elle l’est très peu voire pas du tout en ce qui concerne l’opération chirurgicale.

 

Il existe cependant deux dispensaires spécialisés dans les troubles de la sexualité au sein des Cliniques universitaires d’Athènes et de Thessalonique. Ils reçoivent un nombre limité de cas à des fins didactiques. La majorité des cas sont suivis à la Clinique pour les questions de genre de l’Hôpital psychiatrique d’Athènes Dafni. La durée du suivi médical prévu pour autoriser le changement chirurgical n’est pas déterminée à l’avance. Elle est supposée se conformer aux « exigences » du DSM qui l’établissent à 6 mois dans sa 5e édition. Dans le prochain DSM le terme de « dysphorie du genre » disparaîtra probablement sous l’effet des pressions exercées par les associations LGBTQI+ et celles dues à la pratique clinique. C’est dans cette direction que s’oriente la Société hellénique de Sexologie et des Relations transgenres. Elle a voulu tenir son 1er Congrès Interdisciplinaire à la date fixée pour la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie. Il aura lieu les 16 et 17 mai prochain à Athènes.

 

 

Le mouvement trans et l’opinion publique

 

Eleni Koukouli

 

 

Selon le rédacteur en chef de la revue Antivirus, Vassilis Thanopoulos, « l’Europe est peut-être la seule raison pour laquelle notre pays est obligé de dépasser l’argument “ la société grecque n’est pas prête ”, argument utilisé chaque fois qu’il est question de ne pas soutenir les revendications LGBTQI+ »[1].

 

En Grèce, l’opinion publique n’est pas encore très favorable aux LGBTQI+. Malgré leur visibilité croissante, les préjugés subsistent. Si au cours des dernières décennies des progrès ont été réalisés en matière de droits des LGBTQI+, c’est en effet grâce 1) à la position de l’Union européenne sur des questions telles que la reconnaissance des couples de même sexe et l’extension du Pacte civil de solidarité (loi no 4356/2015), la reconnaissance juridique de l’identité de genre (loi no 4491/2017), le droit d’être une famille d’accueil pour les couples de même sexe (loi no 4538/2018) ou les initiatives contre les crimes de haine, mais aussi 2) grâce à la présence et aux revendications dynamiques de la communauté et des associations LGBTQI+.

 

Bref historique

La première organisation de défense des droits des LGBTQI+ en Grèce, la AKOE (Mouvement pour la Libération du Désir Homosexuel) a œuvré de 1976 à la fin des années 1980.

 

En 2003, a été fondée la première organisation pour les droits des transsexuels et des travestis, la SATTE (Association de Solidarité des Travestis Transsexuels de Grèce), et après sa dissolution, en 2004, a suivi la création en 2010 de la SYD[2] (Association de Soutien Transgenre) qui est très active aujourd’hui encore dans l’accompagnement des personnes trans.

 

Depuis de nombreuses organisations et associations LGBTQI+ continuent à voir le jour :

    l’OLKE (Communauté Homosexuelle et Lesbienne de Grèce), en 2004,

     le groupe queer QV (Queericulum Vitae, dissout en 2015),

    l’École polychrome en 2009 (groupe d’enseignants, de travailleurs sociaux et de professionnels de la santé mentale contre l’homophobie et la transphobie dans l’éducation),

    les Rainbow Thérapeutes (professionnels de la santé mentale – psychologues, pédopsychiatres, psychothérapeutes – qui traitent des problèmes concernant les LGBTQI+)

    le Colour Youth - Communauté LGBTQI+ des Jeunes d’Athènes en 2011, les Familles Rainbow en 2012, les LGBTQI+ à handicap, ainsi que des groupes féministes queer et politiquement engagés tels que QueerTrans (2010-2016) ou encore, pour les plus de 50 ans, les Proud seniors (en 2015).

    Notons l’importance pour les jeunes trans de la création d’associations comme les Parents Fiers (en 2016) et Orlando LGBT+ Santé mentale sans stigmatisation en 2018, premier organisme scientifique pour la santé mentale et la dépathologisation des LGBTQI+.

 

Arts et culture

Des progrès notables ont été réalisés dans le domaine de la culture et des arts depuis le début des années 2000.

    En 2003, les éditions Polychromos Planitis [Planète polychrome] ont été fondées par un membre de la communauté trans.

    En 2007, a été inauguré le Festival annuel du film Outview, avec des films LGBTQI+.

    En 2009, le film de Panos Koutras, Strella [titre international : A Woman's Way] avec l’actrice trans Mina Orfanou, a participé à plus de 20 festivals internationaux de cinéma et l’Académie hellénique du cinéma lui a remis 4 prix, alors qu’il a remporté en Grèce aussi les éloges de la critique et les faveurs du public. Le film Xénia, du même metteur en scène, qui décrit, entre autres, la vie d’un jeune homosexuel, a aussi participé à de nombreux festivals internationaux et a fait 251 entrées, en 2015, lors de l’événement « Cinéma et psychanalyse » organisé par la Société hellénique de la NLS et le Collège clinique d’Athènes. La manifestation organisée par le CEREDA-Eureka en février 2021 autour du documentaire Petite fille de Sébastien Lifshitz a elle aussi connu un franc succès.

    Depuis 2003, paraît le magazine Antivirus. La communauté grecque LGBTQI+ est très active sur le web. Elle anime des blogs et des sites (le lesbian.gr, le GayHellas.gr et le magazine 10%). La scène artistique queer est elle aussi particulièrement dynamique avec le festival queer « What Queer Fest » (2010) et le Festival d’Athènes de la performance queer (2019). En 2015, est créé le AMOQA (Athens Museum of Queer Arts) tandis que l’initiative d’édition queer Queer Ink est lancée en 2016 et organise depuis 2018 des événements slam sur des thématiques queer.

 

Les 15 dernières années ont été marquées par une forte augmentation de la visibilité et des revendications de la communauté LGBTQI+ grâce aussi aux festivals Pride qui témoignent d’un soutien populaire massif pour les droits des LGBTQI+.

    L’Athens Pride a lieu depuis 2005, en juin, avec le soutien de la mairie d’Athènes. Elle est considérée comme le plus grand festival de la communauté LGBTQI+ en Europe du Sud-Est. En 2019, plus de 100 000 personnes y ont participé, tandis qu’au cours des 4 dernières années, plus de 100 événements culturels, sportifs et éducatifs ont été organisés dans le cadre de la Semaine de la fierté d’Athènes. En 2020, l’Athens Pride a eu lieu en ligne comme elle le sera cette année du 4 au 11 juin 2021.

    La Pride de Thessalonique a lieu depuis 2012 avec succès en dépit de l’opposition de l’évêque, le métropolite de Thessalonique. Elle a eu le soutien du maire de la ville, G. Boutaris.

    En 2015, la première Pride de Crète a eu lieu à Héraklion. La municipalité de Réthymnon n’a pas donné son autorisation à l’organisation de la deuxième manifestation. Elle a été dénoncée comme homophobe.

    La Patras Pride a été inaugurée en 2016.

    Aux nombreux événements artistiques et éducatifs autour des questions trans, il convient d’ajouter la Journée Internationale du Souvenir Trans (TDOR) organisée depuis 2010 par la SYD (Association de Soutien Transgenre).

 

Services proposés

De plus en plus de services sont également proposés aux personnes LGBTQI+ :

      ligne d’écoute et de soutien psychologique « 11528 – À tes côtés » (depuis 2011),

      service de signalement des incidents transphobes (« Dénonce-le ») proposé par la SYD

      dépistages et informations sur le VIH et les maladies sexuellement transmissibles par les Checkpoints de la Voix Positive à Athènes et à Thessalonique (depuis 2012),

      conseils juridiques et différents types d’aide. Le programme de la Colour Youth (Transcending Youth) donne depuis 2017 des conseils aux personnes trans sur les questions de redéfinition du genre, et propose l’accueil dans des groupes fermés pour les nouvelles personnes trans.

      Consciente de l’absence de données sur l’homophobie et la transphobie en Grèce, la Colour Youth lance également en 2012 le programme « Dites-le-nous » qui recense les cas de violence et de discrimination.

 

L’école

En 2018, a été réalisé, par la Colour Youth, le premier sondage panhellénique sur le climat scolaire[3] afin de récolter des données sur les expériences de la jeune communauté LGBTQI+ au collège et au lycée[4]. Les résultats de l’enquête ont, entre autres, montré que 74,4% de ces élèves déclarent être, à l’école, la cible de commentaires transphobes. Un élève sur trois a été victime d’une forme de harcèlement verbal en raison de son orientation sexuelle (32%) et/ou de l’expression de son genre (50,3%). Un élève sur sept a été victime de harcèlement physique et/ou de violence physique en rapport avec son orientation sexuelle (14,6%) et/ou l’expression de son genre (19,3%). 33% des jeunes LGBTQI+ déclarent avoir été sexuellement harcelés.

 

Par ailleurs, de plus en plus de jeunes demandent aux enseignants d’être appelés par un nom qui ne correspond pas au genre qui figure sur leurs papiers d’identité. Le signifiant LGBTQI+, (LOATKI+ en grec) est devenu pour nombreux d’entre eux un signifiant qui les interpelle, les sollicite et sous lequel ils cherchent à se ranger.

 

En décembre 2016, le ministère de l’Éducation a annoncé la mise en place dans les collèges d’une semaine thématique sur « Corps et identité » et comportant trois axes : 1) Nutrition et qualité de vie, 2) Prévention de la toxicomanie et des dépendances, et 3) Identités de genre. Les milieux conservateurs du pays ont immédiatement manifesté leur opposition. De nombreux enseignants et leurs syndicats se sont plaints au ministère, d’autres ont refusé de participer au projet. Des parents ont demandé que leurs enfants soient dispensés de la semaine en question. Les représentants de l’Église ont soulevé de vives protestations arguant de la « destruction des valeurs morales » au sein de l’école. La semaine thématique s’est tenue pendant trois années scolaires. À titre indicatif en 2018-2019, sur les 1 700 collèges du pays 1 656 y ont participé. En 2020, une circulaire de la vice-ministre de l’Éducation du gouvernement actuel a mis fin à ladite « maudite semaine thématique » et à l’évocation des questions autour des identités de genre.

 

L’affaire Zak Kostopoulos

L’année 2018 marque une étape importante dans l’histoire de la communauté LGBTQI+ avec le meurtre par coups et blessures de Zak Kostopoulos, militant de la communauté LGBTQI+ et des personnes séropositives. L’événement, sa couverture médiatique mais aussi le fait qu’à ce jour justice n’a pas été rendue – ont notamment participé au meurtre huit policiers – ont provoqué le traumatisme collectif de la communauté LGBTQI+ mais aussi de la société. Des marches de protestation et des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays, les réseaux sociaux se sont enflammés, et les condamnations ont émanées de toutes parts de même que fut dénoncé le traitement inique réservé aux LGBTQI+. La Fondation Onassis s’est aussi prononcée et la 6e Biennale d’Athènes a été dédiée à sa mémoire.

 

Parallèlement à la plus grande visibilité de la communauté LGBTQI+, la rhétorique haineuse s’intensifie néanmoins. En sont témoins les propos tenus par certains députés à la tribune de l’Assemblée nationale mais aussi au sein de l’Église orthodoxe. Le métropolite Ambrosios a été condamné par la justice en 2019 à la suite de propos haineux tenus quatre ans plus tôt contre les personnes LGBTQI+.

 

Bien que les personnes LGBTQI+ fassent de plus en plus partie du paysage audiovisuel et malgré le fait par exemple qu’a récemment été saluée la participation d’une personne trans à une publicité télévisée[5], la discrimination contre les LGBTQI+ persiste, notamment en matière de logement, d’emploi, de soins ou quand ils s’adressent à des services sociaux.

 

 

 

Publications

En 2018, un « Guide de sensibilisation à la prévention et à la lutte contre l’intimidation concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre » a été publié par le Centre de recherche sur l’égalité (KETHI), tandis qu’en 2019 un guide a été publié par le Colour Youth Communauté LGBTQI+ des Jeunes d’Athènes et le Centre d’Action Sociale et d’Innovation (KMOP) dans le cadre du projet « Éliminer les stéréotypes transphobes, homophobes et biphobes grâce à une meilleure représentation dans les médias » (ETHo.S.)[6].

 

La création en mars 2021 par le gouvernement d’un Comité national pour l’égalité des LGBTQI+ montre que le monde politique commence à se mobiliser. Le comité devra faire au gouvernement d’ici le mois de juin prochain la proposition de mesures concrètes à prendre pour promouvoir les droits des LGBTQI+, et lutter contre la discrimination. Le droit de la famille, la procréation, la procréation assistée, la reconnaissance juridique de l’identité de genre, les questions intersexes, l’égalité de traitement des membres de la communauté LGBTQI+ sont au nombre des questions à prendre en considération.

 

Il est de fait que l’opinion publique en Grèce est fortement divisée en ce qui concerne les LGBTQI+. Des progrès dans le sens de la reconnaissance de ces personnes et de leurs droits en tant que membres à part entière de la société, sont, certes, réalisés notamment grâce aux lois européennes et au dynamisme des organisations LGBTQI+ et grâce également au soutien d’une partie croissante de la population mais les institutions (l’école, l’université, le gouvernement, l’Église, la police, l’armée mais aussi la famille) demeurent les propagateurs de préjugés discriminatoires sinon haineux.



[4] Sur les 3 747 élèves qui ont rempli le questionnaire (âgés de 13 à 20 ans), 1 963 se définissent comme LGBTQI+.

      [6] https://www.ethos-project.eu/wp-content/uploads/2019/06/Media-reporting-and-reference-guide-on-LGBT-issues.pdf

 

 

 

 

La question trans à l’université

 

Yannis Grammatopoulos

 

 

À ce jour aucun programme d’études ni aucun centre de recherche ne sont exclusivement consacrés à l’Université grecque à l’enseignement ou à l’étude de la question trans ou à celle des LGBTQI+. Cependant au cours des trois dernières années, deux nouveaux cours universitaires (au niveau de la Licence) ont été inclus dans certains programmes (dans les départements de Travail social et de Psychologie) tandis que des conférences sont données au niveau du cursus universitaire et postuniversitaire. Des accusations de transphobie ont été enregistrées.

 

Au niveau de la Licence

 

·        Au cours de l’année universitaire 2018-19, le département de Travail social de l’Université d’Attique de l’ouest (à Athènes) a inauguré le cours optionnel « Identités de genre et orientation sexuelle » dispensé par les psychologues Nancy Papathanassiou et Elena-Olga Christidi, grâce au soutien du maître de conférences Katerina Maniadaki.

·        L’année suivante, 2019-2020, grâce au soutien des professeurs Panagiotis Kordoutis et Anna Mantoglou, a commencé l’enseignement par les mêmes psychologues du cours optionnel « Identités de genre » au Département de psychologie de l’Université Panteion.

Les deux cours sont enseignés jusqu’à aujourd’hui et se réfèrent à la question trans. L’enseignement notamment du deuxième cours et surtout dans un Département de Psychologie, a été considéré comme une étape importante par la communauté LGBTQI+, car jusque-là, ces questions dans les études en psychologie étaient abordées sous l’angle de la psychopathologie.

·      Un incident s’est produit, la même année, au Département de psychologie de l’Université Nationale et Kapodistrienne d’Athènes (EKPA) où aucun cours lié aux questions trans ou LGBTQI+ n’est encore dispensé. Certaines questions posées à l’examen du cours obligatoire de « Psychopathologie » ont été qualifiées de transphobes en raison de l’usage du terme « Trouble de l’identité de genre » du DSM-IV-R. La communauté LGBTQI+ a dénoncé l’utilisation de critères diagnostiques dépassés et de « théories et techniques psychanalytiques obsolètes », en comparaison de la terminologie des derniers manuels transgenres et de la récente excuse publique de la Société Psychanalytique Américaine pour cause de pathologisation des identités trans par le passé. Le Département de psychologie de l’EKPA a répondu qu’« il ne faisait aucune discrimination, qu’il se tenait au service conséquent du savoir et de l’éthique scientifique, tablant sur les données scientifiques ».

·      Dans le programme d’études du Département de psychologie de l’Université Aristote de Thessalonique est proposé le cours optionnel « Identités de genre dans la famille et à l’école ».

·      Par ailleurs, les professeurs Nancy Papathanassiou et Elena-Olga Christidi donnent des conférences sur les questions LGBTQI+, en tant qu’invitées par d’autres départements de l’Université d’Athènes, où aucun cours n’est dispensé sur ce sujet (Département de l’éducation préscolaire, École de médecine), alors que les efforts se poursuivent afin que les cours universitaires enseignés aux Départements de Travail social et de Psychologie passent d’optionnels à obligatoires.

·      Enfin, il convient de noter que l’ouvrage collectif « Inclusion et résilience : principes de base du soutien psychosocial concernant l’orientation sexuelle, l’identité, l’expression et les caractéristiques de genre » (publié en 2020), a été conseillé à titre privilégié à des cours de divers programmes d’études.

 

Au niveau du Master 

 

·      Il n’y a pas, à ce jour non plus, de programmes spécialisés portant sur les questions trans ou LGBTQI+. Il existe néanmoins des programmes de troisième cycle sur les questions d’identité de genre (tels que le programme interdépartemental de l’Université Panteion « Genre, société, politique » et celui de l’Université de la mer Égée « Genre, culture et société ») où des références sont faites aux questions trans et LGBTQI+.

·      Nancy Papathanassiou et Elena-Olga Christidi donnent régulièrement des conférences sur les questions LGBTQI+ dans les programmes de troisième cycle de l’Université d’Athènes (EKPA) notamment dans les départements de psychologie, de médecine et de sciences de l’éducation.

·      Enfin, ces dernières années, ont été rédigés des mémoires sur la question trans et/ou LGBTQI+ notamment au niveau des masters en sciences sociales et autres disciples connexes, comme par exemple le master sur les « Discriminations sociales, immigration et citoyenneté » du Département de politique sociale et éducative de l’Université du Péloponnèse [titre: « Genre et diversité : expériences des personnes trans »], celui des « Sciences politiques et sociologie » du Département de Sciences politiques de l’Université d’Athènes [titre : « Le mouvement LGBTQI+ en Grèce après 1974 à la lumière de l'interdisciplinarité »] ou encore celui d’« Architecture - Aménagement du territoire/Aménagement – espace – culture » de l’Université Polytechnique nationale d’Athènes (Metsovio) [titre: « L’espace comme un champ de négociation de la norme souveraine de genre. Le cas des femmes trans à Athènes »].

 

Enseignement (professionnel) non formel

 

·      Le KEDIVIM (Centre de formation et d’apprentissage continu) de l’Université de la mer Égée propose deux programmes de formation sur la thématique : « Genre et identité sexuelle » et « Gestalt et consultation LGBTQI+ sur la différence sexuelle et les identités de genre ». La participation à de tels programmes ne permet pas d’obtenir un diplôme d’études supérieures, mais attribue des points lors de concours destinés au recrutement d’enseignants de la fonction publique.

·      De son côté, l’organisation « Orlando LGBT+ Santé mentale sans stigmatisation » met en œuvre un programme annuel de formation intitulé « Conseil et psychothérapie auprès des personnes LGBTQI+ ».

 

Recherche

 

Pour le moment, il n’y a pas de Centre de recherche au sein de l’université grecque qui aurait comme objet d’étude les questions trans ou LGBTQI+. Il y a bien le Centre d’études sur le genre de l’Université Panteion et le Centre d’études sociales sur le genre/Atelier sur le genre de l’Université de Crète, mais ils n’ont encore rien publié sur les questions trans ou LGBTQI+. Un nouveau Centre de recherche est en cours de création à l’Université Panteion, qui se consacrera exclusivement à l’étude de ces questions.

 

 

 

Psychanalyse et question trans

 

Despina Karagianni

 

 

Du 23 au 25 novembre 2018, a eu lieu à Athènes le XIIe Congrès de la Société hellénique de psychanalyse (IPA)[1] sur le thème : « Sexe, Genre, Bisexualités ». De façon significative l’argument précise que le congrès consacré à la question trans répond au débat mondial en cours actuellement. On y trouve une brève revue de la théorie freudienne et postfreudienne ainsi que des questions soulevées par la question du genre et de la sexualité. L’auteur conclut par la réflexion suivante : cependant, si la bisexualité n’a pas de substrat biologique, la question de son origine reste obscure : s’agirait-il du « reflet » de l’anatomie ou le résultat des identifications aux deux parents ? Pour la psychanalyse, cependant, tant que la formule freudienne selon laquelle l’anatomie détermine le destin est vraie, il est aussi vrai qu’il s’agit d’une anatomie qui s’incorpore chaque fois dans une histoire libidinale particulière, qui acquiert son sens grâce à elle tout en s’éloignant parfois de toute réalité anatomique.

 

Questions mises au programme du XIIe Congrès de la

Société hellénique de psychanalyse

 

·        Les origines du genre dans l’histoire d’un sujet.

·        Le corps et le genre sont-ils affaires de décision personnelle ou une illusion alimentée par l’évolution de la technologie moderne ?

·        Dans quelle mesure l’interprétation psychanalytique devrait-elle prendre pour cible, et dirigée sur eux, les différents aspects des identités, les incertitudes du choix des objets sexuels, les fantasmes homosexuels ou l’élément féminin comme inhérent aux deux sexes ?

·        Considérant que, selon la théorie freudienne classique, le « féminin » est défini comme une négativité (absence de phallus et « continent noir ») qui organise la différence des sexes, quels changements subit aujourd’hui la théorie psychanalytique par rapport à la sexualité féminine ?

 

Réactions des associations LGBTQI+ suite au congrès

 

Les associations et les sociétés en Grèce sont soutenues par des équipes scientifiques composées de personnes hautement qualifiées ayant des carrières universitaires et une expérience de la recherche ainsi qu’une présence active et de nombreuses publications à leur actif sur les sujets en question. Après le congrès, des annonces et des messages ont été publiés notamment par l’organisation Orlando et l’Association de soutien Transgenre (SYD), qui a publié un communiqué de presse indiquant ce qui suit :

 

Arguments principaux et critiques exprimés par le conseil d’administration de la SYD

 

·      Le discours des psychanalystes au Congrès maltraite les personnes LGBTQI+.

·      Par ignorance intentionnelle ou non de la communauté psychanalytique présentation d’un déterminisme biologique des conceptions binaires de genre. Elle rappelle la position de l’administration Trump envers les personnes trans et intersexes.

·      Confusion entre identité sexuelle, expression du genre et orientation sexuelle.

·      Embarras et peur face à ce qui est considéré comme « différent ».

·      Pathologisation de l’orientation sexuelle et d’identité de genre. Violence de l’interprétation : le statut de trans est considéré comme pathologique. Elle met en cause l’autodétermination de la personne trans et tend à interpréter le trans comme anomalie et spécimen hors normes, au moment où l’Organisation mondiale de la santé ainsi que d’autres organisations scientifiques partout dans le monde de même qu’en Grèce, écartent toute pathologisation.

·      Les représentants de la SYD demandent que le groupe de travail du ministère de la Santé, créé depuis juillet 2018 et qui poursuit ses travaux, prenne entre autres les dispositions nécessaires afin que la Grèce modernise le cadre pertinent de travail afin de supprimer les conceptions binaires du genre dans le domaine de la santé, et de mettre fin à la pathologisation des identités trans et intersexes.

 

Idées directrices de la théorie psychanalytique et féministe contemporaine

(approuvées par la communauté Trans)

 

Extraits des exposés au congrès de la Société Hellénique de Psychanalyse (IPA)

 

Avgi Sakettopoulou (professeur à l’Université de New York et psychologue clinicienne - collaboratrice d’Orlando

Le genre est un code de traduction (Laplanche) toujours limité par le contexte des structures du discours existant : le genre cherche à façonner les restes en surplus de la sexualité infantile, mais échoue toujours en partie.

 

Dans son article sur la thérapie psychanalytique d’une fille trans de cinq ans, Avgi Sakettopoulou souligne que la dysphorie liée à l’identité sexuelle ne provient pas uniquement de facteurs externes – à savoir la société qui traite le genre comme défini biologiquement – mais provient d’une confusion interne liée à la relation avec le corps : comment est-il possible pour quelqu’un de se sentir fille si son corps « dit » garçon ?

 

Toute tentative pour justifier ou déterminer les facteurs responsables en matière trans, tombe par définition dans le piège de l’aborder comme une particularité, comme quelque chose d’unique et non comme le résultat de voies de développement hétérogènes ou le produit de compromis complexes. Par conséquent, les théories interprétatives sont condamnées à pathologiser l’état trans.

 

Despina Naziri (professeur de psychologie clinique à l’Université de Liège et psychanalyste) –

Les représentants de la communauté LGBTQI + ont apprécié les propos de la conférencière quant à l’acceptation, au respect et à la dépathologisation, notamment au sujet de la parentalité homosexuelle. A également été très apprécié le fait que Despina Naziri reconnaisse et admette que les restes de sa propre transphobie – comme il en va de tout analyste – limitent l’aide qu’elle était en mesure d’apporter à ses patients et posent l’éventualité de les adresser à un autre thérapeute.

 

Théorie féministe

 

Evgénia Sifaki (Professeur de littérature européenne à l’Université ouverte de Grèce) –

Le genre est la manière dont chaque individu vit la relation avec son propre corps. Il est tissé dans sa sexualité, c’est-à-dire dans ses désirs et activités sexuels.

 

Depuis le milieu du XXe siècle, la théorie féministe a été définie par sa critique radicale du statut de l’hétérosexualité obligée, sexualité normative selon la définition de Shutte, c’est-à-dire d’un type d’activité sexuelle marqué par la concordance d’actes sexuels socialement préférentiels et des constructions de genre prédéfinies.

 

Comme le mouvement féministe anglais des années 1960-1970 et nombre de philosophes et psychanalystes l’ont mis en lumière, l’identité de genre normative repose sur la conception de la complémentarité physique et émotionnelle des sexes, mais aussi sur l’idée que les femmes sont naturellement orientées vers la maternité[2].

 

Judith Butler -

La conférence que Judith Butler a donnée à l’Université Panteion en 2009 a été sous-titrée en grec et figure comme référence obligatoire dans le cadre du cours universitaire sur l’identité de genre[3]. Butler déclare, entre autres, que nous avons le sujet et le sujet tel qu’il est défini par la loi. En somme, il existe des normes spécifiques selon lesquelles le sujet peut être regardé comme tel par la loi. Nous nous trouvons dès lors devant la question de savoir qui peut être reconnu par le discours hégémonique en tant que sujet ayant des droits.

 

Phylopédia et références à la théorie lacanienne

 

Phylopédia est une encyclopédie électronique créée dans le but de servir la communauté universitaire en Grèce. Elle constitue une source de connaissances et d’informations scientifiques sur les questions liées à l’histoire des femmes, à la théorie féministe et aux études de genre en Grèce et à l’étranger. Par ailleurs, y sont publiés des textes d’intérêt politique concernant notamment la formation du genre et l’oppression ou le mépris à l’égard des femmes et autres groupes marginalisés en raison de leur genre et/ou de leur sexualité.

 

Parmi les 28 entrées de cette encyclopédie électronique (y compris le dictionnaire Phylopédia), on trouve des références à Lacan et à l’influence de la lecture lacanienne de Freud sur les questions de genre. Les articles ne portent pas uniquement sur les trans, mais aussi sur les principes de base qui régissent les tendances des sciences humaines en matière de genre.

 

Pour conclure, les représentants des communautés trans sont bien disposés à l’égard de la psychanalyse pour peu que celle-ci sache leur prêter l’oreille. Notre époque représente un défi pour la psychanalyse : elle ne doit pas être sourde aux conditions élémentaires de l’établissement d’un transfert avec les personnes trans. Celles-ci doivent recevoir, à l’instar de tout un chacun, le respect qu’elles méritent. Elles doivent aussi avoir le droit de nommer l’expérience qu’elles font de leur corps et de leur être en faisant usage des structures signifiantes à même de les représenter au mieux. Ainsi que le formule leur déclaration : « nous accueillons – et certains d’entre nous les appliquent – toutes les approches psychanalytiques modernes qui cultivent une atmosphère d’inclusion, de reconnaissance, d’empathie et de sécurité ».

 

 


[2] Ferguson, A. (1991). Sexual Democracy: Women, oppression and revolution. Boulder, CO: Westview Press.

  

 


 

 

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